Il n’échappera à personne que la question du sens au travail est devenue omniprésente dans le débat public et la quête de sens au travail, une attente largement partagée par ceux qui travaillent.

Aujourd’hui, 29% des Français ne perçoivent ni le sens ni l’utilité de leur emploi[1]. « J’ai besoin de travailler pour quelque chose qui a du sens » nous disent en substance toutes les personnes que nous accompagnons.

Or, on peut mettre beaucoup de choses derrière cette question du sens au travail. Alors, comment comprendre cette supplique ?

 

 

 

  • Que voulons-nous vraiment quand nous disons manquer de sens dans notre métier ?
  • La question est-elle vraiment nouvelle ?
  • Se poser la question du sens de son travail, est-ce un luxe réservé à certains ou bien une nécessité partagée par tous ?

En tant que professionnels de l’accompagnement, voici des éléments de réponse tirés de notre expérience.

Quête de sens au travail : une aspiration humaine

Tout d’abord, l’aspiration à donner du sens est vraiment quelque chose de propre à l’être humain. Elle est depuis toujours ce qui le mobilise, le met en mouvement. C’est la question de la finalité, du but. « Où allons-nous ? » Comme nous cherchons un but à notre vie, nous avons besoin de connaître la finalité de notre travail pour nous mettre en action.

Au fond, la question du sens au travail n’est pas nouvelle et nous constatons que tout le monde se la pose, du cadre supérieur lassé des tableaux de bords à l’ouvrier à la chaîne que le travail a fini par rendre inapte et qui se voit dans l’obligation de se « recycler » à 50 ans. Quel que soit notre âge, nos origines, notre histoire, nous aspirons tous à apporter notre pierre à l’édifice, à être utile par un travail, un service qui a du sens à nos yeux.

La finalité du travail ou le service rendu

Chez TALENTS & TRAJECTOIRES, nous appelons « désir » cette quête de sens propre à l’être humain. Toute notre vie est conduite par le désir. Le désir, c’est l’accomplissement de notre être, ce vers quoi l’on tend, ce qui nous accomplit. Il est en nous comme un principe de vie, une source jaillissante. Il est comme un phare qui appelle et illumine notre engagement.

Il y a autant de « désirs » que de personnes. Sophie désire développer des liens communautaires où chacun peut trouver sa place pour construire un projet commun. Elle travaille comme chef de projet dans l’ingénierie de la conception d’usines. Hortense, quant à elle, est animée par le désir de faire découvrir que le bonheur est dans notre capacité à vivre la rencontre dans le présent. Elle s’est orientée dans l’événementiel où elle créé des événements où chacun peut goûter des moments de bonheur dans les rencontres qu’il y vit.  

La finalité de notre travail, autrement dit son utilité sociale, est donc un premier levier de sens au travail. Donner du sens à son travail, c’est faire en sorte que le désir singulier qui m’anime se traduise dans une activité concrète qui apporte un service. C’est pouvoir faire le lien entre ses missions, son métier, sa responsabilité et le bien visé qui les dépasse. C’est parce que je rends service que je me sens utile.

Le sens intrinsèque du travail ou le besoin d'expression 

Néanmoins, si cette condition est nécessaire, elle n’est pas suffisante. Par exemple, je peux travailler pour une organisation humanitaire et ne pas me sentir à ma place. Mon travail a alors du sens parce qu’il est utile, mais il me manque quelque chose…

Pour que mon travail ait du sens, j’ai besoin de pouvoir y déployer mes talents. Nos talents font partie de notre identité et nous mettent en action de façon singulière, avec plaisir, facilité et succès. Avant même de faire l’expérience du travail, cet élan existe et dès la naissance, cherche à s’exprimer.

Les conditions d’exercice et la responsabilité qui m’est confiée doivent me permettre d’exprimer ces talents, c’est-à-dire qui je suis, de me reconnaître dans mon travail et d’être reconnu. Pas besoin forcément d’être acteur de la transition énergétique pour donner du sens à son travail. Donner du sens, c’est aussi être à sa place.

Trouver du sens à son travail, c'est pouvoir vivre une libération à travers son activité professionnelle. Tous avons le droit au « riche sentiment » décrit par Albert Camus de nous sentir utiles en exprimant et en engageant qui nous sommes vraiment. C’est notre métier d’hommes et de femmes.


« Je n’ai jamais été heureux, je le sais, ni pacifié, que dans un métier digne de moi, un travail mené au milieu d’hommes que je puisse aimer. Je sais aussi que beaucoup, sur ce point me ressemblent. Sans travail, toute vie pourrit. Mais sous un travail sans âme, la vie étouffe, et meurt. N’est-ce pas alors le véritable effort d’une nation de faire que le plus possible de ses citoyens aient le riche sentiment de faire leur vrai métier, et d’être utiles à la place où ils sont ? »[2]

Albert Camus 

[1] David Graeber, Bullshit Jobs: A Theory, Simon & Shuster, 2018.

[2] Albert Camus, Le métier d’homme, L’Express, 14 mai 1955, republié in Œuvres complètes

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